Droit de réponse - 2

Droit de réponse du père Jean-Claude Mercier suite à l’article de Riposte Catholique du 26 décembre 2021 « Hautes Pyrénées (65) : La fausse abbaye de Tarasteix rejoint une fausse église schismatique ».

abbaye

Le titre « fausse abbaye de Tarasteix » n’a aucun sens. C’est l’association qui donne son nom au domaine, déclarée au journal officiel du 13 septembre 1984 sous le nom : « Notre Dame de l’Espérance, dénommée aussi abbaye ou monastère Notre Dame de Tarasteix ». La mention monastère ou abbaye fait référence au passé historique du lieu. Le diocèse de Tarbes et Lourdes et les administrations prennent tous soin d’indiquer « Abbaye Notre Dame de l’Espérance » dans leurs courriers – alors que rien ne les y oblige : « Notre Dame de l’Espérance » suffirait. De plus, les panneaux choisis par la DDT indiquent « Abbaye Notre Dame de l’Espérance », et les journaux locaux utilisent systématiquement le terme « abbaye ». Il n’y a que Riposte Catholique pour décider qu’il s’agirait d’une fausse abbaye. Car, selon les critères de Riposte Catholique, les abbayes de Fontfroide, de Fontevraud, de l’Escaladieu, etc. seraient donc aussi de fausses abbayes ?

Quel est ce passé historique de Notre Dame de l’Espérance ? Pour cela nous nous référons à la très belle biographie du frère Carme Stéphane-Marie Morgain « Le père Hermann Cohen (1820-1871), un romantique au Carmel ». En 1856, le père Hermann Cohen – ou frère Augustin-Marie du Très Saint Sacrement – aujourd’hui en cours de béatification, achète un terrain à Tarasteix pour y fonder un « Saint Désert », où il séjournera lui-même entre mai 1868 et mars 1870.

Qu’est-ce qu’un « Saint Désert » ? Citons le frère Stéphane-Marie : « Malgré les réformes successives, les Carmes ne sont jamais parvenus à trouver le parfait équilibre entre les deux dimensions [contemplatives et apostoliques] de leurs vies. L’organisation de Saint-Déserts, couvents uniquement destinés à la prière, à l’esprit de retraite, au silence et au recueillement tente de pallier cette difficulté. La présence de ces maisons, reproduisant au mieux la vie des anciens moines du Mont-Carmel, est mentionnée dans les constitutions des frères avec une instruction appropriée ». La construction fut réalisée en deux temps : « Le saint Désert dans lequel s’installe le Père Augustin-Marie ressemble plutôt à une ferme, qu’au couvent, dont la première pierre ne sera posée que le 20 juillet 1874 [...] Les choses changeront tout à fait après la construction du nouveau monastère érigé sur les plans de celui de Montevirginio, et sous le priorat du Père Nicodème de Jésus. » Le domaine fut racheté à l’abandon en 1976 par le père Mercier. Des personnes en difficultés, des visiteurs et des pèlerins y sont aujourd’hui accueillis. L’association a aussi des buts cultuel et culturels, dont fait naturellement partie la valorisation de son passé historique, et la mémoire du père Hermann Cohen.

Paneaux

Concernant la Petite Église Apostolique Vieille Catholique, nous ne revenons pas sur le journalisme de « copie d’écran » de Riposte Catholique, qui cite une affaire pour laquelle Mgr Vestraet a été innocenté par le tribunal de Bruxelles. Vouloir définir une église à partir d’une seule affaire datant de 15 ans est particulièrement grossier et indigne. L’Église Catholique comme d’autres organisations religieuses a connu des scandales, seules les âmes basses songent à dénigrer le cœur de sa spiritualité à partir de ces affaires.

La Petite Église fait partie de la Conférence des Églises Syriaques Orthodoxes Non Chalcédoniennes (CESONCO). Elle n’est pas schismatique, mais séparée de Rome pour des raisons politiques historiques. Contrairement à ce qui est dit dans l’article du 26 décembre, il existe des liens très importants entre les Vieux Catholiques et l’Église Catholique, en particulier en Belgique, où des concélébrations ont lieu, joignant les deux communautés. Les Vieux Catholiques ont une histoire riche de dialogue avec l’Église Catholique.

jean paul II

Citons l’encyclique « Ut Unum Sint » de Saint Jean-Paul II : « Chez nos frères séparés s'accomplissent aussi de nombreuses actions sacrées de la religion chrétienne qui, de diverses manières selon les différentes conditions de chacune des Églises ou Communautés, peuvent sans nul doute produire effectivement la vie de grâce, et il faut dire qu'elles sont aptes à donner accès à la communion du salut. [...] Dans le dialogue œcuménique, les théologiens catholiques, attachés à la doctrine de l'Église, doivent en outre procéder avec amour de la vérité, charité et humilité, en menant, ensemble avec les frères séparés, leurs recherches sur les divins mystères ». Le ton uniquement péjoratif de Riposte Catholique semble à dix mille lieues de cette approche recommandant la charité... Nous prions pour que les journaux se disant « catholiques » cessent d’exacerber les divisions des chrétiens.

Père Jean-Claude Mercier