L'humilité, clef de voûte de la sainteté et de la paix

Cher(e)s ami(e)s,
Pourquoi affirmer l’humilité comme clef de voûte à la sainteté et à la paix. Parce que l’humilité apparait et apparaitra (et les témoignages sont là pour le démontrer) qu’il n’y a pas de paix sans l’humilité. L’orgueil qui sévit et qui gangrène notre humanité ne peut se prévaloir que d’une chose ; c’est de faire peser sur le monde ; la violence, la haine, la guerre, tandis que l’humilité, c’est la reconnaissance de notre petitesse devant celui qui, Tout-Puissant, nous a montré l’exemple. Tout-Puissant qu’il est , il n’a pas hésité à s’abaisser pour se faire homme. Incarnatus est, et dans cette élan, pour que l’homme à son tour, devienne Dieu, dit saint Augustin.

Ainsi donc, en étant nous-mêmes en Dieu, nous revêtirons son humilité, cette humilité qui se caractérise par les fruits d’amour que Jésus nous prodigue…
Sœur Josefa Menendez recevait tant de grâces de la part du Seigneur. J’ai toujours en souvenir de l’une de mes premières messes en 1970, peu après mon ordination, lorsque j’ai célébré dans l’Oratoire, au bout du couloir, endroit privilégié, « …qui n’avait jamais tant briller…couloir « balayé » par la sainte Vierge », au Couvent des Feuillants, à Poitiers, assisté par la mère supérieure.
Ce 8 décembre, jour de l’Immaculée Conception, elle lui dit : « _Ma fille, ne crains jamais ni les souffrances, ni les sacrifices, lui dit-Elle _ les chemins de Dieu sont ainsi faits. Si tu veux sortir victorieuse des assauts de l’ennemi, Je te recommande deux choses : premièrement, humilie-toi, car tu n’es rien et tu ne mérites rien... tout est grâce de ton Dieu; secondement, quand tu te trouves abandonnée, environnée de tentations, quand ton âme est froide et sans force pour combattre, ne laisse jamais la prière. Prie avec humilité et confiance, et va tout de suite ouvrir ton cœur à celle que mon Fils t’a donnée pour Mère ici-bas. Crois-Moi, ma fille, c’est ainsi que tu ne te tromperas pas. Reçois ma bénédiction. Tu sais bien que le suis ta Mère!»
Sainte Gertrude humiliée devant ses fautes, s’anéantissait, elle aussi et de s’entendre dire de la part de Notre Seigneur : « Je ne puis m’empêcher de venir à celle qui par les attraits si puissants de l’humilité emporte avec elle mon cœur. »
Oui, la clef de voûte d’où découle toutes grâces, c’est bien l’humilité. Et « …a quiconque fait des efforts pour arriver à la douceur et à l’humilité de mon cœur divin, les autres vertus seront données comme par surcroît », disait Notre Seigneur à Marie Dominique. Jésus et sa sainte Mère choisissant toujours les plus humbles et les petits. « Je veux que tu serves d’instruments pour attirer les cœurs à mon amour, je me sers des sujets les plus faibles pour confondre les forts et sur les plus petits et les pauvres que ma puissance manifeste avec plus d’éclats. »
Nous découvrons dans les apparitions de Pontmain, de Fatima, de La Salette, de Lourdes, des âmes simples, ne connaissant que cette humilité du cœur que Jésus privilégie.Le Seigneur ne nous reproche pas d’avoir péché, mais de ne pas nous humilier. Marie de Jésus dit en ramassant un grain de poussière : « pour posséder l’amour, il faut devenir comme ça. » 

L’orgueil, c’est l’autosatisfaction de soi, de ce que l’on réalise, de ce que l’on nous donne, de ce que l’on parait, mais que l’on est pas. « Qu’est-ce que l’homme, pour que tu te souviennes de lui ? » nous dit l’Imitation de Jésus-Christ, et pourtant l’orgueil enfle les hommes et cause tous les malheurs de notre monde. C’est la domination, la guerre. Dans le Solitaire des rochers, il est écrit : « Je vis le ciel combattre contre l’orgueil et le combat était si cruel que Dieu y exposant son humble fils, comme homme et qui sans lui, l’orgueil allait tout vaincre. »
D’ailleurs le démon lui-même fait ce constat à Saint Macaire : «… Tu me fais souffrir une violence extrême, voyant que je ne peux te nuire, bien que j’accomplisse plus parfaitement les choses que tu fais. Tu jeûnes quelques fois, moi je ne mange jamais ! Tu veilles quelques fois, moi je ne dors jamais ! Il n’y a qu’une chose en laquelle tu me surmontes, c’est ton humilité, c’est elle qui fait que moi, l’esprit d’orgueil, je ne puis rien contre toi ! »
Sœur Josefa se plaignait au Seigneur de lui avoir donné une voie différente de celles de ses autres sœurs. Elle désirait suivre la règle normale de la communauté. « _Pourquoi, Seigneur, m’avoir choisie, moi, si misérable ?
_Justement, lui répond le Seigneur, si j’avais trouvé plus petite que toi je l’aurai choisie, mais je ne l’ai pas trouvée ! »
Cher(e)s lecteurs, lectrices, quelle espérance pour nous d’entendre toutes ces voix de saints et de saintes, marquées par l’Amour infini de celui qui, humble, accomplit la volonté de son Père qui est dans les cieux. Au frère Pacifique, l’un des premiers disciples de saint François d’Assise, Notre Seigneur fit voir, au milieu des splendeurs du ciel, un trône étincelant de mille feux de pierreries, et lui dit : « …Ce trône qui fait ton admiration est celui que Lucifer a perdu par son orgueil et il est destiné à l’humble François. »
Nous avons tous nos péchés, nos erreurs, notre affectivité, notre personnalité. Très souvent, avec saint Paul, nous pouvons constater « Je ne fais pas le bien que je devrais faire, mais je fais le mal que je ne voudrais pas faire, malheureux homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de misère. » Notre confiance en Dieu ne sera effective que par notre degré d’humilité, car c’est à lui seul que revient toute gloire pour les siècles sans fin. Aujourd’hui comme jamais nous pouvons voir avec saint Antoine le Grand, la terre couverte de lacets et de pièges que les démons y avaient placés.,, on peut s’écrier : « nous ne pourrons jamais les éviter, Seigneur, voyez ! ce sont comme des champs de mines dans les lieux de combats, où des innocents paient chacun tous les jours de leur vie. Et Jésus de lui répondre : …si ! par la seule vertu d’humilité ».
Nous nous mettons bien en peine pour nous-mêmes, pour les autres, et demain et demain ?
Comme les païens, l’homme se repose sur l’homme, richesses, biens, argent. N’attendons-pas à le faire fructifier en de bonnes œuvres de peur qu’il ne soit trop tard, où qu’après notre mort tout soit dilapidé au service des force du mal.
« Notre sainteté peut être renversée par seulement un petit brin d’orgueil », dit saint Paul de la Croix. En effet, par l’abaissement du Fils de Dieu qui se fait homme, qui va jusqu’à laver les pieds de ses disciples (Jean, XIII,14) et de s’anéantir sur la Croix pour notre salut. N’y a-t-il pas là le meilleur exemple d’humilité ?
En Jésus se révèle, non seulement la puissance divine sans laquelle nous ne serions pas, mais la charité divine sans laquelle nous serions perdus (St Luc19.10). Saint Augustin associe humilité à charité. Au banquet divin est convié non seulement la multitude mais aussi les « rebus de la société », les petits, les humbles que le monde méprise.(1 Cor 1.25) qui sont dans la voie de la Vérité et de la Sainteté, car ils sont dans l’humilité et peuvent ainsi, mieux que quiconque, méditer la Parole de Jésus : « …Sans moi, vous ne pouvez rien faire. »
La guerre, la violence, l’envie, la jalousie, sont fruits de toute la méchanceté de l’être humain et s’oppose radicalement à l’humilité qui est fruit de la paix, de compassion, de dialogue, d’écoute et de lumière. Cher(e) s ami(e)s, puissions-nous saisir et prendre conscience que c’est dans l’humilité, clef de voûte de la sainteté à laquelle nous sommes tous appelés, que nous réaliserons la sainte Volonté de Dieu.
Ce ne sont pas ceux qui disent : « Seigneur ! Seigneur ! qui entreront dans la maison de mon Père, mais ce sont ceux qui font la sainte Volonté de mon Père qui est dans les Cieux ».
Etre humble supporte un état et non une attitude. Etre charitable suppose des actes concrets et non verbaux. « Cherchez d’abord le royaume des Cieux, et tout le reste vous sera donné par surcroît. »
Enfin, être humble, c’est aussi demeurer dans la Vérité. Je suis le Chemin, la Vérité, la vie. Le mensonge n’est que le fruit de l’orgueil opposé bien sûr à la Vérité.
Le saint curé d’Ars affirmait : « Pour être humble, il n’est pas nécessaire comme quelques personnes se l’imaginent de se croire ridiculement d’avoir moins d’esprit, moins de savoir et moins de vertu qu’on en a. Il suffit de ne pas s’en accorder plus que l’on n’en possède, de reconnaître de qui on les tient, de se voir tel que l’on est devant Dieu, sans artifice, avec le peu qu’on a de bien de bon et tout ce qu’on a de mauvais. L’humilité est avant tout la Vérité. »
Vanité des vanités, tout n’est que vanité ! s’enfler d’orgueil n’est que le fruit du mal.
Supplions Notre Seigneur et la Vierge Marie, qui dans une humilité parfaite a dit « Oui » à Dieu à la demande de l’ange Gabriel.
O Vierge toute puissante, faites-nous riches d’humilité et ainsi d’amour de Dieu. Avec vous, grâce à votre médiation, nous imiterons Notre Seigneur, dans son abaissement et nous partagerons un jour, aussi, sa gloire et son exaltation. Avec Marie, nous aurons part aussi à notre élévation. Puisse l’humanité croire dans l’amour de Dieu, que chacun puisse s’élever spirituellement. « Une âme qui s’élève élève le monde, une âme qui s’abaisse, abaisse le monde », disait Bossuet. Pénétrons dans le Cœur de Jésus, tout amour, et là, nous trouverons la force d’accomplir sa volonté, de l’imiter, de l’aimer, de le glorifier et de le posséder éternellement.


Père J.C.Mercier - Août 2013 - Revue 151