Les rendez-vous avec Dieu

Bien cher(e)s ami(e)s,

Quel tourbillon que ce monde! L’hiver à été long, le froid, la pluie, les inondations, le brouillard. L’homme constate avec stupéfaction son impuissance devant les évènements de la nature, mais ce qu’il ne voit pas, ce sont les à tous les instants de la vie. Ces rendez-vous, ils sont de toutes les époques, de toutes les générations, en toutes circonstances, rencontres, réunions, décès, et pour toutes et tous. « Je me tiens à la porte et je frappe, dit Jésus. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, alors je rentre chez lui et je prendrai le repas avec lui, moi, près de lui, lui près de moi. » Ce rendez-vous de Dieu avec tout être humain trouve sa raison d’être au soir du Vendredi Saint, comme un cri d’espérance mais aussi de souffrance du refus de l’homme à la rencontre de Celui qui est la Chemin, la Vérité et la vie. Ce cri résonne sous la voûte des cieux et comme dans un orage, éclat avec un tonnerre de grondement. Comme si l’homme ne comprendra jamais l’amour de Dieu. Ce cri, c’est le cri d’amour d’un Dieu qui aime ses enfants et qui veut leur salut. Ce cri d’amour du sommet du Calvaire et de la Croix.  " J’ai soif ! " 

Quel breuvage sera capable d’étancher cette soif d’un amour éternel ? et bien ce breuvage n’est-ce pas tout simplement de dire Oui à la sainte Volonté de Dieu. Le oui de Marie à l’Ange, lors de l’Annonciation. Ce oui accepté comme étant l’accomplissement en nous d’unir notre nature humaine à la nature divine. «  Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi,  disait saint Paul ».

L’abaissement de Dieu en son fils incarné n’est rien en comparaison de l’abaissement de Dieu pour ses créatures de la terre, qui par sa grâce, par sa parole et bien sûr par le sommet de cet amour, l’Eucharistie, se donne à nous.  Bien cher(e)s ami(e)(e)s, quel bonheur pour l’âme qui, saisit par la grâce se donne toute entière à Jésus ! vous me direz, ce ne sont que des paroles, c’est impossible pour nous, ce n’est pas vrai. L’homme ne veut pas de ces rendez-vous avec Dieu, et lorsque Jésus en son Fils, adresse aux âmes des rayons lumineux dans leur existence, elles préfèrent être comme le jeune homme riche à qui Jésus dit : " Tu es proche du royaume de Dieu, une seule chose te manque, va, vends tout ce que tu as et donne le aux pauvres et Viens ! Suis-moi !", mais l’Evangile nous rapporte qu’il baissa la tête et repartit car il avait de grands biens.

De nos jours, l’essentiel n’est plus accessible à l’homme si, de lui-même, il ne décide d’abandonner les attraits et dictats d’un monde qui semble avoir perdu son âme, par son refus de la lumière. «  Jésus est Lumière, mais les hommes nous dit saint Jean, ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres sont mauvaises » Mais n’appliquons pas la faute à Dieu si nous sommes dans les ténèbres. Jésus envoie à chacun et chacune d’entre nous, un jour ou l’autre, parfois très souvent même, des clins d’œil du ciel. Cette attention de Jésus est manifeste car si l’homme poursuit Dieu de son immense ingratitude, Dieu ne sera jamais vaincu, car il le poursuivra infiniment plus de son attention et de son amour. Je ne suis pas venu condamner le monde, mais le sauver  ! Jésus nous dit : «  Je suis le Bon Pasteur qui donne sa vie pour ses brebis. » Le Bon pasteur abandonne ses quatre-vingt-dix-neufs brebis pour aller à la recherche de la brebis perdue. Ah ! chers lecteurs, si nous connaissions un once de l’amour de Dieu, disait le saint curé d’Ars, nous mourrions. Pouvez-vous résister à la lumière du soleil lors d’une éclipse ? Non ! Vous risqueriez de perdre la vue. Ressentir une étincelle de l’amour de Dieu, c’est perdre haleine. C’est inconcevable de percevoir en notre nature mortelle ;  l’infinie bonté et miséricorde que décèle l’amour de Dieu pour  nous.

Il ne s’agit pas d’aimer Dieu par peur des châtiments et de sa justice, mais de l’aimer parce qu’il est digne d’être aimé, adoré, sanctifié, loué. L’aimer parce qu’il est amour, tout simplement. Alors si nous nous exerçons à l’expérience spirituelle, notre vie sera changée. Aucun obstacle ne fera barrage à ce déversement de grâces que Jésus communique à ces âmes qui ont saisi et vécu ce bonheur. Ce bonheur prélude de celui que Jésus nous réserve. Ce que nous dit saint Paul : " ce que l’oreille n’a pas entendu, ce que les yeux n’ont pas vu, ce que l’esprit de l’homme ne peut concevoir, tellement grand est le bonheur des élus." Avant d’y accéder, croyons qu’il est déjà présent pour l’âme, en lutte ici-bas aux forces du mal. Ainsi donc, comme à la Samaritaine, reprit comme nous l’avions décrit plus haut, lors de la mort de Jésus, Jésus répondra au refus de la samaritaine de lui donner à boire, :  « Si tu savais le don de Dieu, si tu savais celui qui te demande à boire, c’est toi qui me l’aurais offerte. Oui, l’heure vient et c’est maintenant où les vrais adorateurs, adoreront le Père en esprit. » (Jean ch.4/10 )

Ces clins d’œil du ciel, ces rendez-vous du ciel avec la terre, ces rendez-vous du surnaturel avec le naturel, du Créateur avec la créature sont pour tous et pour toutes. Une seule condition sera la clef du mystère pour que l’âme se dévoile : c’est l’humilité ; « ce n’est pas l’érudition, comme disait le père Stan Rougier, qui emportera l’adhésion de Dieu, c’est la Transparence du cœur. » Jésus scrute  les reins et les cœurs, et avec lui, pas d’artifices, et dans une exaltation et une prière poignante, il affirme sans équivoque :  « Père, je te rends grâce d’avoir caché ces choses aux sages et aux savants et de les avoir révélées aux petits. » Jésus, par Marie, choisira tout au long de l’histoire et de ses rendez-vous avec les enfants de la terre, des petits, des humbles. Sainte Bernadette à Lourdes, Maximien, Mélanie à la Salette, sont bouleversés par les larmes de Marie. Comme à Pontmain, aussi, dont un des « voyants », devenu prêtre, ne pouvait évoquer les apparitions sans pleurer. « La tristesse de Marie était telle, que même la souffrance et les pleurs de ma mère lors du décès de mon père, n’étaient rien en comparaison de la tristesse de la Vierge », disait-il. Cette soif de Jésus, ce sont les larmes de Marie à Syracuse. « L’humanité, à Radio Vatican en 1956, déclarait le Pape PieXII, comprendra-t-elle le message de la Mère qui pleure sur ses enfants ? »

Oui, cette soif de Jésus est un appel à répondre à son amour par l’humilité, l’abandon, la confiance, la charité. Accomplir en tout, comme Jésus, la sainte volonté de son Père, et alors ces rendez-vous ne seront pas occultés par l’épais brouillard des affaires de ce monde qui continuera de s’épaissir encore sur notre humanité déjà tellement opaque. « Même si les morts ressuscitaient, ils ne croiraient pas tellement leurs cœurs sont endurcis ». Bien cher(e)s ami(e)s, dans son immense amour pour nous, remercions-le pour cet amour, afin qu’il nous soit donné, aujourd’hui plus qu’hier, demain plus qu’aujourd’hui, de nous livrer sans détour et sans retour à celui qui est l’amour, de nous associer à Jésus à la recherche des brebis égarées, de faire acte de charité tout au long de notre vie, pour que par nos prières, nos sacrifices, nous puissions toucher le Cœur de Jésus  pour sauver les âmes. Sainte Gemma Galgani fut un vivant holocauste, une victime libre associée à la Passion du Christ pour sauver les âmes. A nous, Jésus nous demande simplement d’accomplir comme sainte Thérèse, la voie de l’enfance spirituelle. Accomplir de notre mieux l’ordinaire de chaque jour d’une manière extraordinaire. Il nous suffira d’y mettre l’amour de Dieu et du prochain.

 Soyons cher(e)s ami(e)s, fidèles aux rendez-vous de Dieu, comme nous le sommes pour nos affaires terrestres, notre santé et ainsi la grâce nous enveloppera et avec saint Paul nous pourrons jubiler d’action de grâces. Je me remets entre les mains du Seigneur, afin que tous les battements de mon cœur lui redisent je l’aime, je l’aime encore, et toujours, malgré mes infidélités quotidiennes, me jetant comme un enfant dans les bras de sa maman, dans les bras de mon Père céleste et dans ceux de ma mère du Ciel. Quelle espérance pour nous tous, chères lectrices et lecteurs. Remercions Dieu pour tous ses bienfaits éternellement.

Amen.

Père J.C. Mercier - Mai 2013 - Revue 150